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L'instant magique

Tous ces numéros qui se succèdent avec, pour chacun, un moment magique ; instant fugitif où tout est suspendu... Emotion au comble... Ce sont justement ces fragments d'éternité que je cherche à capturer sur la pellicule pour qu'ils se figent... Pour que le vent devienne du marbre... Pour retrouver le moment où mon coeur a battu plus fort, où mon souffle s'est retenu.

Le porteur, à la seconde où ses mains accrochent celles du voltigeur... Le tigre à l'instant où les flammes du cercle le lèchent... L'acrobate au sommet de ses vingt chaises quand il lâche les mains pour envoyer un baiser à la foule... Le fil de fériste quand sa tête frôle le fil pendant un saut périlleux.

Il y a trois ans, j'ai franchi les portes rutilantes de "Florilegio" des frères Togni pour subir à chaque instant l'envoûtement de mon enfance émerveillée par les acrobates pailletés, jongleurs de lumière et les clowns mangeurs de sciure.

Chaque numéro me plongeait dans sa force ou sa souplesse, dans sa rigueur, dans son humour et j'eus le besoin irrépressible de capter chacun de ces instants magiques. Je n'eus de cesse de devenir l'un de ces chasseurs de rêve.
Mais si toutes les beautés du cirque se capturent assez facilement, les "instants de vérité" sont beaucoup plus fugaces, pratiquement insaisissables tant qu'on ne parvient pas à "vivre" un numéro du dedans en le suivant à travers l'objectif dans lequel on peut capter les regards, les inquiétudes, les complicités et le bonheur de la réussite.
J'ai suivi le Cirque Togni pendant deux mois à travers l'Europe, l'oeil collé au viseur, scrutant chaque artiste dans ses moindres secrets en attendant de fixer l'instant magique sans "voler" l'image mais en ayant la joie de lui offrir une vision de l'émotion qu'il avait suscitée en le rendant beau et magique à ses propres yeux. Comme si c'était l'artiste qui avait projeté une part de son génie sur le papier sensible... Image où il sera éternellement beau, jeune, en plein risque, en plein humour.
J'aimerais que ces images deviennent un livre si elles rencontrent un éditeur friand d'"instants de grâce". Car paradoxalement il semblerait que ceux que l'on appelle les amateurs de cirque préfèrent les images plus anecdotiques, plus documentaires ; celles qui servent à écrire l'histoire des cirques alors que je me passionne pour la magie des instants où la vie se suspend et où, mystérieusement, tous les artistes sont beaux.
On pourrait également organiser d'autres expositions que celle que nous avions au siège de Cyrk, Le Monde du Cirque en décembre 1993, car depuis deux ans je me suis intéressé à la grande variété des numéros présentés au Festival de Monte-Carlo et que le virus du cirque ne me quittera jamais.

Antoine Tudal

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